« Zéro déchet de chantier », « zero energy building »… Avec l’affermissement de la conscience environnementale, la construction de logements (sociaux ou privés) doit respecter un niveau d’exigence de plus en plus élevé. Les bailleurs sociaux, traditionnellement précurseurs et techniquement innovants, sont régulièrement désignés pour expérimenter les futures normes. C’est autour de ces sujets que le groupe de travail « Sustainable construction » (construction durable) du réseau Eurhonet* s’est réuni chez Vosgelis pour trois jours d’échanges, de visites et de débats.
Membre du réseau Eurhonet depuis 2017, Vosgelis avait proposé à ses homologues italiens, anglais et suédois, de choisir Epinal comme QG de leur rencontre annuelle sur le thème de la construction durable. Une invitation acceptée avec enthousiasme par les quelque 10 membres du groupe, très désireux d’entendre parler – entre autres – du programme E+C- (Energie positive – carbone négatif) en cours de construction à Vittel. Rappelons que cette opération de 11 logements fait partie des chantiers expérimentaux français pour la définition de la future RE (Règlementation environnementale) 2020. « La RE 2020 pourrait être la déclinaison française de la réglementation européenne NZEB (Nearly zero energy building – bâtiment à consommation énergétique proche de zéro) », précise Thierry Dubrocas, directeur du patrimoine chez Vosgelis ; au cours de nos échanges, chaque membre d’Eurhonet a présenté la version de cette norme dans son propre pays. »
En savoir plus sur l’opération de Vittel
Ces discussions, illustrées par une visite de la résidence Pierre Lhuillier à Chantraine (résidence labellisée Passivhaus Institut) et de l’immeuble « les Mûriers » à Golbey, ont soulevé des réflexions partagées telles que la nécessité d’informer voire d’éduquer les occupants de ces logements à faible dépense d’énergie. « A Chantraine les relevés de consommations sont conformes à nos attentes, observe Thierry Dubrocas ; mais ils pourraient être encore meilleurs avec des comportements adaptés, comme éviter d’ouvrir les fenêtres trop souvent. » Dans ce cadre, notre appartement pédagogique de Golbey a suscité un très vif intérêt chez nos invités.
Du statut de déchet à celui de valeur
Le dernier jour de la rencontre, le groupe de travail s’est penché sur la réglementation française en matière de déchets de construction. « Partout en Europe, les déchetteries sont saturées, rappelle Thierry : les déchets sont un enjeu prioritaire dans la réduction de l’empreinte carbone. On parle d’ores et déjà d’opération de « déconstruction » plutôt que de démolition ; désormais il va falloir aller encore plus loin en considérant le déchet comme un matériau qui possède de la valeur et dont il faut utiliser les pistes de réemploi. Avec les membres d’Eurhonet, nous avons évoqué la mise en place d’une filière européenne de récupération et d’échange de matériaux de déconstruction. En gros, une sorte de « Bon Coin des chantiers ».
Bientôt une opération exemplaire à Remiremont
Héros du zéro comme ses voisins, Vosgelis s’apprête ainsi à réaliser une opération exemplaire de déconstruction – reconstruction sur le secteur de Remiremont. Il s’agirait de construire une vingtaine d’appartements accessibles et particulièrement performants sur le plan de l’empreinte carbone. « Ils seront également très économes en eau et nous utiliserons des techniques innovantes de récupération d’énergie sur l’eau, complète Thierry ; par ailleurs nous allons tenter de réutiliser le plus possible de matériaux des anciens logements. Les tuiles par exemple, mais aussi, pourquoi pas, certains éléments sanitaires s’ils sont en parfait état. Rien n’est encore arrêté, c’est trop tôt. Dans ce type d’opération, on est sans arrêt dans le compromis : par exemple, un matériau peut avoir de bonnes performances techniques dans un domaine particulier, et malheureusement une empreinte carbone désastreuse… Il faut en permanence rechercher le meilleur équilibre, ce n’est pas évident. »
Oui, mais au moins, on essaye !
*Eurhonet est un réseau européen de bailleurs sociaux qui compte 40 organismes de 7 pays différents.